Être et paraitre : à la recherche de soi

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

Dans l'être et le néant, Sartre, pour présenter sa théorie de la mauvaise foi, prend l'exemple du garçon de café qui « joue au garçon de café » comme d'autres, vont jouer au professeur ou à l'employé modèle…Tout ça pour s’arroger une existence qui lui permet d'échapper à son propre néant, pour se consoler, en quelque sorte, de ce sentiment de sa propre vacuité.

Il est en effet souvent plus facile, comme on ne sait pas qui l'on est, d'être ce que l'on paraît être. Pour donner une existence à cet être qui est trop abstrait pour nous, on essaie de le rapprocher de choses matérielles palpables comme, par exemple, l'apparence physique ou des qualités, où encore le métier que l'on joue…

Et c'est comme ça qu'on peut, de façon inconsciente, adopter un rôle et coller à ce rôle de plus en plus.

Il existe une infinité de rôles : le rôle de la bonne ménagère, le rôle de l'employé modèle, le rôle de l'étudiant irréprochable ou du bon lycéen…Et, se faisant, on se limite parce que l'on n'est pas « que » son métier. On n'est pas « que » sa beauté physique. On n'est pas "que" son intelligence. On est bien autre chose... 

Et cette identification que l'on fait par rapport à cette tangibilité, à cette matérialité, fait que on a peur de « ne pas être assez ». Ne pas être assez bon à l'école. Ne pas être assez fort dans son domaine. Ne pas être assez professionnel dans son métier, pas être assez intelligent, pas être assez beau, pas être assez compétent…

En conséquence, on finit par penser que l'on est apprécié, non pas pour ce que l'on est mais en fonction des attributs dont on se dote. Alors que ces attributs sont extérieurs à soi-même. Ils sont donc secondaires.

Et comme on n'arrive pas à définir ce que l'on est, alors on s'accroche à ce que l'on paraît. Et à tous ces éléments que l'on pense être suffisant à nous définir, alors qu'ils nous amoindrissent puisqu'ils ne sont qu'une partie de nous, voir même pas nous-mêmes.

C'est ce qui fait que lorsque l'on critique quelqu'un pour son apparence physique par exemple, la personne le reçoit comme si c'était une critique de sa propre valeur qui était remise en question et elle est blessée pour ça. Et on sait les conséquences que ça aura en fonction des différents types de personnalité.

Tout cela, c'est à cause de l’ego.

Qu’est-ce que l’égo ? Une représentation que l'on a de soi-même, c'est à dire une construction mentale autour de l'idée qu'on se fait de soi-même. Et si on prend une fausse identité, cette fausse identité, ce rôle va faire écran à notre vraie nature.

Et pourtant, on s'accroche à ce rôle, à cette idée que l'on a de nous et on est prêt à le défendre jusqu'au bout. Ce qui veut dire que l'ego va prendre le pouvoir de ce que l'on est vraiment et s'exprimer à notre place. Donc, en quelque sorte, il nous amoindrit et il nous étouffe.

Cette réflexion de Sartre va bien plus loin que la simple analyse de la mauvaise foi. Je fais un travail, je fais la tête parce que je vais au travail et c'est de la mauvaise foi. Parce que si tu vas au travail, c'est que tu le veux bien, mais tu as toujours la possibilité de ne pas aller au travail, même si ça entraîne des conséquences financières où sociales pour toi.

Cette réflexion de Sartre va donc plus loin puisque, en fait, elle met en lumière l’ego que chacun a en lui et cette différence de l'être par rapport au paraître. De l'être et du néant.

Comme on ne sait pas qui l’on est, on est dans le néant et pour sortir de ce néant parce que l'on sait pas ce qui l'on est, on adopte un rôle qui nous permet d'être ce que l'on pense que l'on est, alors que l'on ne fait que paraître ce que l'on est, et que l'on n'est pas ce que l'on est vraiment.

 

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