Pourquoi « devons-nous » ?

Publié le par Sophie Richard-Lanneyrie

L’exigence morale se présente à notre conscience sous forme d’une obligation ou d’un devoir. Il s’agit donc de quelque chose que l’on se sent obliger de faire, même si cela est contraire à nos intérêts : « Je dois ».

Mais pourquoi « devons-nous » ?

Pour le sociologue E. Durkheim, notre conscience est l’écho de la conscience collective, autrement dit des exigences de la société qui s’exprime en nous et ainsi façonne notre morale. C’est pourquoi il estime que le devoir est collectif et coercitif, c’est-à-dire contraignant. Nous devons parce que les usages dans la société nous l’imposent.

Mais ce faisant, nous serions donc aliénés, esclaves, d’une autorité extérieure à nous même qui nous impose sa loi. Et nous n’oserions pas nous y opposer — comme l’a pourtant fait Antigone qui, refusant les lois écrites de la cité, dirigée par Créon, et a préféré écouter la voix de sa conscience morale en rendant à son frère les honneurs funèbres dus à son rang.

Comment résoudre cette dissonance ? Kant propose une solution avec son impératif catégorique.  

Bien sûr, la morale kantienne oblige à obéir à une loi, à une règle stricte. Mais pour lui, c’est la personne humaine qui est à la source du devoir. Ainsi, pour Kant nous obéissons à notre propre raison.

L’impératif catégorique de Kant est un impératif absolu et inconditionnel. Nous devons « agir toujours de telle sorte que la maxime de notre action puisse être érigée en règle universelle » (1er commandement). En effet, avant d’agir demandons-nous « et si tout le monde en faisant autant » ? Nous décidons ainsi, en conscience, si notre acte est bon ou mauvais.

Ce faisant, nous respectons l’autre comme une personne, et non comme un objet, sans chercher à l’exploiter. C’est ce que dit Kant dans son 2ème commandement : « agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité en toi et chez les autres, comme une fin et jamais seulement comme un moyen ».

C’est ainsi, que l’autonomie morale kantienne expose que nous sommes soumis à une loi que nous même décidons, et, par voie de conséquence, tous les hommes y sont également soumis : « agis toujours de telle sorte que tu considères ta volonté raisonnable comme instituant une législation universelle » (3ème commandement).

Attention cependant à ce que cette autonomie de devoir se fasse avec une intention pure, c’est-à-dire par pur respect du devoir : nous agissons ainsi parce que c’est notre devoir et pas parce que cette action nous apporte un quelconque intérêt.

Cependant, l’homme à une sensibilité qui l’incline a des passions de l’âme qui le poussent parfois à avoir envie de s’éloigner de son devoir. C’est pourquoi il est nécessaire de montrer à une personne l’avantage personnel ou de lui faire peur par la crainte d’un châtiment pour qu’une personne se rallie à son devoir. Et ainsi imposer le devoir afin qu’il se confonde avec notre raison.

Mais entre la nature animale de nos instincts et la sainteté de nos actions, il existe cet effort pour atteindre le devoir moral, comme une jouissance de satisfaction d’avoir fait ce que nous devions faire en notre âme et conscience.

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